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vendredi 14 avril 2006

Trilogie des Qatsi - Koyaanisqatsi, Powaqqatsi et Naqoyqatsi

La trilogie

La Trilogie des Qatsi se compose de trois films conjuguant les talents de Godfrey Reggio (réalisation), Philip Glass (musique) et Ron Fricke (direction de la photographie) et dont la réalisation s'est étalée sur plus de 25 ans :

  • Koyaanisqatsi (Ko.yaa.nis.qatsi (tiré de la langue Hopi), nom. l. vie folle. 2. vie tumultueuse. 3. vie se désagrégeant. 4. vie déséquilibrée. 5. un état d’existence qui exige un autre mode de vie.): l’avancée de la technologie sur la nature
  • Powaqqatsi (powaqqatsi [powakkatsi] n. (de powaq, sorcier, et qatsi, vie). Nom donné par les Indiens Hopi d’Amérique du Nord à une manière d’être, une entité, qui se nourrit des forces vitales des autres êtres dans le but de favoriser sa propre existence.) : Les différentes cultures, le contraste Nord/Sud, Nature/Technologie.
  • Naqoyqatsi (Na-qoy-qatsi (tiré de la langue Hopi), nom. 1. Une vie basée sur le meurtre du prochain 2. La guerre comme manière de vivre. 3. (Interpretation) La violence civilisée.)

Une force de ces films vient du fait que l'usage du verbe en a été écarté délibérément; le réalisateur confesse avoir même voulu ne pas lui donner de titre; cela n’étant pas possible pour des raisons légales, il opta pour un titre culturellement neutre formé de deux mots de la langue des indiens Hopis. Restent les images, spectaculaires et très novatrices lors de la sortie du premier film (reprises abondamment depuis, par exemple dans le film IMAX Chronos de Ron Fricke, dans le clip de Jean-Luc Ponty Individual choice, dans le documentaire de la BBC Time Machine, dans le clip "Ray of Light" de Madonna, etc.), et la musique de Philip Glass, étudiée pour les accompagner et en renforcer l’effet dramatique.

Koyaanisqatsi

Koyaanisqatsi est un film réalisé par Godfrey Reggio en 1983, musique de Philip Glass, images de Ron Fricke, produit par Francis Ford Coppola.

Synopsis

Le film ne raconte pas d’histoire, pas plus qu’il ne constitue un documentaire à proprement parler. Il propose simplement des images où l’on joue sur les échelles d’espace et de temps pour montrer au spectateur le monde où il vit sous un angle différent, et l’inviter lui-même à conclure dans le sens qu’il jugera bon. On peut considérer ce film par moments comme une description enthousiaste de la technologie, parfois au contraire comme une vive critique de celle-ci. Le réalisateur admet avoir voulu montrer ce qu’il nomme la beauté de la bête (allusion sans doute à celle de l’Apocalypse)

Une chose en tout cas ne fait pas de doute à la vue du film : la technologie, qui il y a peu (du temps des Hopis, par exemple) était peu visible est maintenant bien présente, et se développe selon sa logique propre. Une image impressionnante d’une ville vue du ciel à différentes échelles se termine par la photographie des circuits d’un microprocesseur; l’image est claire : la population humaine a à peu près autant de liberté quand elle est prise dans son ensemble que les électrons de faire ce qu’il veulent dans un microprocesseur. Même si l’individu reste libre, son ensemble, lui, ne l’est plus totalement et n’est pas programmé pour l’être. La frénésie de l’activité urbaine (dans la très esthétique séquence The grid, tournée à l’accéléré) s’alterne avec une image frappante d’ennui et de vide intérieur des individus quand ils ne sont plus en train de produire (séquences passées au ralenti).

Notes

  • Des événements survenus dans le monde depuis le tournage (explosion en 1986 de la navette spatiale Challenger, attentat du World Trade Center le 11 septembre 2001, guerre du Golfe) interfèrent aujourd’hui fortement avec certaines images du film, lui donnant des connotations qui ne pouvaient bien entendu pas s’y trouver en 1983.
  • Nagoyqatsi, qui utilisait intensivement des moyens de synthèse de l'image alors que ces techniques n'avaient pas encore atteint leur degré de sophistication de 2005, certaines images peuvent paradoxalement sembler vieillies pour cette raison. Il s'agit poutant bien du plus récent et dernier des trois films de la trilogie.
  • Bien que non revendiqué par le situationnisme en tant que tel, le thème de ce film ainsi que ses allusions répétées au thème de la vie transformée en spectacle telle que décrite longuement par Guy Debord incite à le répertorier comme film d'inspiration situationniste, différent par nature des films situationnistes proprement dits.

Films de style similaire

Les films suivants ont un style commun avec la trilogie, qui consiste à présenter un montage sonore et visuel utilisant des échelles différentes d'espace et de temps, en laissant le spectateur mener sa réflexion propre sans interférence directe par le discours. L'analogie concerne ici le style et non le fond, ces autres films ne comportant pas d'aspects politiques ou sociétaux.

  • Baraka (Ron Fricke, Michael Stirns, 1992)
  • Chronos (Ron Fricke, Michael Stearns, 1985)
  • Dogora
  • Samsara
  • Anima Mundi (Godgrey Reggio, Philip Glass, 1992)
  • Microcosmos (Claude Nuridsany, Marie Perennou, Bruno Coulais)
  • Le Peuple migrateur (Jacques Perrrin, 2003)
  • Timescape (Alexander Pappas, 2000)
  • Savage Eden

Liens Externes

Voir aussi

Sources : Trilogie des Qatsi et Koyaanisqatsi (Wikipedia).

jeudi 13 avril 2006

Agriculture biodynamique et label Demeter

Agriculture biodynamique

L'agriculture biodynamique est inspirée des travaux de Rudolf Steiner. Elle s'appuie sur les principes suivants :

  • Recyclage de toute la matière organique de l'exploitation dans le sol par les techniques culturales, l'utilisation de tout le fumier, lisier et des déchets.
  • Transformation de la matière organique par le compostage dirigé par des préparations à base de plantes médicinales pour obtenir une fumure vivifiant le sol. Apport éventuel d'éléments minéraux à solubilité lente (principalement par le compostage) : poudres de roche, calcaire,...
  • Productions végétales adaptées au terroir avec rotations longues et diversifiées (équilibre entre productions fourragères pour l'alimentation du cheptel, engrais verts et productions pour la vente)
  • Stimulation des processus vivants dans le sol et les végétaux par l'emploi de préparations dynamiques (utilisées en quantités infinitésimales)
  • Respect des processus et interactions subtiles entre les différents biotopes, les végétaux et les animaux (cultures associées...) et l'environnement au sens le plus large (respect des rythmes solaires, astraux et autres rythmes biochronologiques pour améliorer croissance et qualité des produits)
  • Protection des végétaux basée sur l'autorégulation, la rotation des cultures, le travail du sol et emploi de mesures dynamiques si nécessaire
  • Entretien ou aménagement du paysage pour conserver ou recréer la diversité des biotopes : arbres, haies, zones humides, pelouses sèches, lisières,...
  • Élevage d'animaux de race adaptée à la ferme avec recherche de diversité (nombre et espèces d'animaux en fonction de la surface et des conditions de terroir)

En 2004, 92000 hectares répartis sur 2700 fermes sont dévolus à ce type d'agriculture dans le monde.

La biodynamie peut également faire référence à des pratiques qui prennent en compte les phases de la lune, les champs terrestres, l'utilisation de cristaux dont la raisonance a un effet bénéfique sur les cultures... Sur ces aspects, elle ne fait pas l'unanimité. Certains peuvent y voir un mélange de superstitions et d'agronomie.

Source : Agriculture biodynamique (Wikipedia).

Label Demeter

Le label Demeter est un label de certification de produits issus de l'agriculture biodynamique, selon les enseignements de Rudolf Steiner. Les produits Demeter respectent le cahier des charges du règlement européen sur l'agriculture biologique.

Source : Label Demeter (Wikipedia).

Voir aussi

lundi 3 avril 2006

Daisyworld

Source : Wikipedia.

Daisyworld est un modèle de simulation imaginé par James Lovelock pour illustrer les théories Gaia et répondre aux critiques virulentes de téléologie, dont faisait l'objet l'hypothèse Gaia.

James Lovelock imagina une abstraction de l'essence des phénomènes de rétroactions, un peu expliqua-t-il comme « une caricature qui esquisserait les traits essentiels du sujet ». Daisyworld est une simulation informatique, un monde hypothétique, en orbite autour d'un soleil dont la température augmente progressivement au cours de la simulation.

La théorie de Gaïa s'adapta bien à une étude de simulation informatique. Ceci pouvait être réalisé à propos de la Terre en réduisant le nombre de variables environnementales à une seule, la température, et au biotope d'une seule espèce, les pâquerettes ! Lovelock affirmait que ce modèle serait la preuve mathématique qui allait réfuter toutes les critiques.

L'étude de Lovelock fut baptisée « Daisyworld » car il évalua la pertinence de son modèle en peuplant un monde imaginaire de pâquerettes claires et d'autres sombres en compétition pour conquérir l'espace. Les pâquerettes noires présentent une plus grande tolérance au froid que les pâquerettes blanches. Alors que les pâquerettes noires absorbent la chaleur émise par le soleil, les pâquerettes blanches re-émettent la chaleur vers l'espace.

Le modèle Daisyworld originel

Ce modèle est une représentation numérique simplifiée d'une planète comme la Terre mais sans océan, dont le climat se stabilise par l'effet de la compétition quel que soit le rayonnement incident, et qui orbite comme la Terre autour d'une étoile semblable au Soleil. Cette planète tourne sur elle-même et contient relativement peu de nuages et de gaz à effet de serre dans son atmosphère, qui compliqueraient son climat. Sur cette planète la température moyenne est uniquement déterminée par son pouvoir réfléchissant (albédo) et peut-être calculée par la loi de Stefan-Boltzmann.

La biologie de Daisyworld est également très simple. Gaïa est couverte de pâquerettes qui commencent à germer dès que la température atteint 5°C et cessent de croître au-dessus de 40°C; elles présentent une croissance optimale à une température de 20°C.

La biosphère de Daisyworld contient uniquement des pâquerettes claires (blanches) et des pâquerettes sombres (noires ou colorées). Ces fleurs influencent uniquement la température de surface à travers leur pouvoir réfléchissant.

Comme dans la nature les pâquerettes sombres absorbent le plus de chaleur; les pâquerettes claires reflètent l'essentiel du rayonnement dans l'espace. Mais comment le rayonnement réfléchit par les pâquerettes individuelles peut-il affecter la température globale ?

A mesure que l'étoile devient plus lumineuse, la température moyenne à la surface de Gaïa augmente. On peut ainsi prédire l'évolution de la population des pâquerettes à mesure que la planète se réchauffe.

Ce modèle appliquant les lois classiques de la biologie et de la physique, les pâquerettes peuvent répondre ou s'adapter à l'environnement physique mais ne peuvent pas le modifier. En revanche sur Daisyworld les pâquerettes peuvent altérer le climat.

Comment fonctionne la rétroaction, processus clé de cette étude ? La variable du système est régulée par deux effets qui agissent en sens opposé sur cette variable en s'inhibant réciproquement. Sur Daisyworld, la variable est la température. Le réchauffement ou le refroidissement est provoqué par les pâquerettes sombres ou claires qui s'éliminent mutuellement pour conquérir l'espace.

Concrêtement, lorsque la température atteint 5°C, toutes les graines germent. Durant la première saison, les pâquerettes sombres croissent à un rythme plus rapide que leurs cousines claires car elles absorbent plus de lumière. Envahissant tout l'espace de Daisyworld, sa surface et l'atmosphère en contact avec celle-ci se réchauffent - comme toute surface exposée au Soleil -. La composante sombre sera donc l'espèce la mieux adaptée et elle crée localement des zones chaudes qui favorisent la croissance des autres pâquerettes.

Au terme de la première saison, il y a sur Daisyworld beaucoup plus de pâquerettes sombres que de claires. Les premières dominent donc le paysage lorsque la nouvelle saison arrive. Elles grandissent, se réchauffent ainsi que leur biotope. Cette explosion de pâquerettes sombre crée une rétroaction positive ayant pour effet d'augmenter rapidement la température de Gaïa. Bientôt la planète ne contient plus que des pâquerettes sombres, leur effet cumulé augmentant la température globale au-dessus de la valeur mesurée en l'absence de toute vie.

Au fur et à mesure du réchauffement planétaire, les pâquerettes blanches finissent par se développer également, en tirant profit de ces meilleures conditions climatiques, jusqu'à ce que la planète atteigne une température d'équilibre.

Que se passe-t-il pour une température plus élevée ? Les paquerettes blanches ne vont pas être en mesure de maintenir la température suffisamment haute pour survivre. La température ne peut pas augmenter indéfiniment, au risque de surchauffer l'atmosphère en limitant la croissance des fleurs. Même le rayonnement du Soleil ne peut dépasser la tolérance maximale supportée par les pâquerettes. À mesure que la planète vieillit, la chaleur du Soleil devient si élevée que les pâquerettes sombres finissent par mourir. Arrivé à ce stade, seule survivent les pâquerettes blanches qui parviennent toujours à stabiliser la température aux alentours de 20°C.

Dans ces conditions d'ensoleillement extrême, seules les concurrentes claires seront avantagées, mais en raison de leur capacité à réfléchir la lumière du Soleil, elles se refroidiront aussi rapidement de même que les basses couches de l'atmosphère. À mesure que les pâquerettes blanches coloniseront Daisyworld, leur effet cumulé va provoquer une chute de la température globale bien en dessous de la valeur mesurée en l'absence de toute vie.

Sur base de cette expérience on peut en conclure que la compétition qui s'installe entre les différentes espèces de pâquerettes va porter la température moyenne de surface de Gaïa proche des valeurs offrant un maximum de confort. De cette manière, les individus, sans avoir conscience ni être concerné par le devenir de Daisyworld prise dans sa globalité, seront parvenus à contrôler l'environnement global de leur planète.

Si on tient compte des mutations dans notre modèle, en modifiant par exemple l'albédo au cours de la croissance des fleurs, on constate qu'on peut augmenter le rayonnement solaire d'au moins 20% avant que les populations ne s'effondrent.

Finalement, la chaleur émise par le Soleil sera si intense que plus aucune espèce de pâquerette se sera capable de réguler la température et toutes les espèces disparaîtront.

Au final, lorsque la simulation est lancée en l'absence de pâquerette, l'évolution de la température planétaire est fonction de la radiation solaire. En présence de pâquerettes, on observe un réchauffement en début de simulation et un refroidissement en fin de simulation, résultant en un équilibre thermique au cours de l'essentiel de la simulation. Ainsi, les pâquerettes modifient le climat de façon à le leur rendre plus hospitalier.

La suite du modèle

A l'époque où Lovelock créa son modèle Daisyworld à une seule dimension, il ignorait la biologie des populations et le fait que si ce type de modèle contenait plus de deux espèces en compétition simultanée, le système était presque invariablement instable.

Ce problème sera résolu en introduisant une dépendance spatiale dans le modèle. Les températures locales T1, T2 et les albédos A1, A2 peuvent être remplacés par des champs à deux dimensions T(x,y) et A(x,y).

De cette manière l'évolution temporelle et spatiale de la température est déterminée par des équations différentielles partielles basées sur un modèle d'équilibre énergétique, l'évolution de l'albédo étant directement relié à la végétation et modélisé par l'approche de l'automaton cellulaire. Ainsi ce modèle bi ou tridimensionnel peut s'appliquer à quantités de problèmes, de la formation de calcite dans les marais microbiens à la fragmentation des habitats.

Lovelock élabora ensuite un nouveau modèle contenant entre 3 et 20 espèces de pâquerettes de couleurs différentes vivant en compétition pour conquérir l'espace de leur planète, régulant inconsciemment leur monde comme elles l'avaient fait jusqu'ici. Ces modèles informatiques comprennent des pâquerettes grises dont la couleur est identique à celle de la surface dénudée de la planète hôte. Le modèle à 10 fleurs par exemple, est aussi stable que le modèle contenant deux espèces de fleurs mais il offre l'avantage de pouvoir contrôler la température avec plus de précision.

Intérêts de ces modèles

En incorporant l'environnement physique dans ce modèle, une variable que les théoriciens en écologie n'avaient jamais utilisée jusqu'à présent, l'instabilité inhérente qui ressortait des modèles écologiques multi-espèces s'évanouit. Dès lors on pouvait ajouter des lapins ou d'autres herbivores pour couper les pâquerettes et même des renards, pour tuer les lapins, sans éprouver la stabilité du système.

Ainsi de manière beaucoup plus indépendante que dans la première version, Lovelock trouve pour la première fois une justification théorique à la biodiversité par le biais de l'influence du nombre d'espèces sur la qualité des effets stabilisateurs obtenus sur l'ensemble de la planète. La diversité est la plus vaste lorsque la régulation de la température est la plus efficace, et la plus faible lorsque le système subit un stress : au moment où la croissance débute ou lorsque les pâquerettes souffrent de la chaleur et dépérissent. Cette découverte soutient l'idée du caractère essentiel du maintien de la biodiversité et a relancé le débat sur la biodiversité à ce sujet.

Ces modèles multi-dimensionnels montrent quelques effets remarquables :

  • Les interactions locales entre les espèces en compétition conduisent à des effets globaux : sous des perturbations extérieures un comportement régulateur de la température globale s'auto-organise
  • Le système subit une transition de phase de premier ordre : lorsque le régime entretenu est stressé, une brisure irréversible se produit immédiatement
  • En morcelant les régions (par exemple en fragmentant les comportements régulateurs) le régime se brise également.

Bien sûr Daisyworld ou ses variantes est un modèle et pas une recette pour mettre une planète sous air conditionné ! Mais il s'agit d'un modèle général qui ne se limite pas aux pâquerettes et au climat. Depuis sa première expérience en 1982, Lovelock a créé des modèles s'attachant aux époques primitives de la Terre, l'Archéen et le Protérozoïque du Précambrien, en programmant des micro-organismes capables de réguler simultanément la composition de l'atmosphère et le climat.

Daisyworld fournit un outil puissant qui offre une explication plausible de la manière dont Gaïa fonctionne et des raisons pour lesquelles toute prédestination ou planification est inutile pour équilibrer la biosphère. Mais quelque part l'explication demeure virtuelle, s'attachant à un monde simpliste, simplement connecté et ne subissant pas l'influence anthropogénique (la colonisation humaine et ses inévitables infrastructures) qui finit toujours par morceller le paysage en différentes concentrations d'espèces ou de zones infertiles.

Voir aussi

Lien externe

vendredi 31 mars 2006

Ma petite planète chérie - Jacques-Rémy GIRERD

Il s'agit d'une série TV de Jacques-Rémy GIRERD sorti en 1996 sous la forme de nombreux petits films d'animation de quelques minutes seulement pour les enfants qui sensibilisent à l'environnement.

L'information est légère et l'impact fort.

Cette série TV a remporté de nombreux prix internationaux :

  • Prix du Meilleur Film pour la Jeunesse - Saint Petersbourg 1996
  • Prix UNICEF - Stuttgart 1995
  • ANGE D'OR - Festif 1996

Il est possible de se procurer les épisodes sous la forme de 2 cassettes VHS ou de 2 DVDs.

Les épisodes sont :

  • LE VOYAGE D'UNE GOUTTE D'EAU (Le cycle de l'eau)
  • LES MAL-AIMÉS (Ces animaux qui sont détestés par les hommes)
  • LE PETIT PARC (Un espace de verdure sacrifié dans la ville)
  • LA COCCINELLE ET LE PUCERON (Un équilibre biologique fragile)
  • LE HÉRISSON AMOUREUX (La vie dans une haie campagnarde)
  • DE L'AIR, DE L'AIR ! (La pollution de l'air dans la ville)
  • L'EAU C'EST LA VIE (Remonter la rivière jusqu'à sa source)
  • HISTOIRE D'EAU (Une station d'épuration des eaux usées)
  • TINTAMARRE ET BOUCHE COUSUE (Les nuisances dues au bruit)
  • LA POUBELLE MAGIQUE (Où vont nos déchets ?)
  • DES MONTAGNES D'EMBALLAGE (Que deviennent nos emballages ?)
  • LA FORÊT MYSTÈRE (À la recherche du grand chêne sacré)
  • MES AMIS LES ARBRES (Les multiples ressources de la forêt)
  • 20 MILLIMÈTRES SOUS TERRE (Les décomposeurs au service du recyclage)
  • AU VOLEUR (Une histoire de traces)
  • LE LIÈVRE ET LA TORTUE (Energie stockée, énergies renouvelables)
  • ÉVITE LE GASPILLAGE (Des petits gestes pour économiser de l'énergie)
  • ÇA ME GRATTE (Pollution sans frontière)
  • LE CAS KAO (Science et technique, jusqu'où aller ?)
  • LA RACINE MAGIQUE (La protection des milieux)
  • LES GENS DU PAYSAGE (L'évolution des paysages)
  • LA VIEILLE GRANGE (L'écocitoyenneté)
  • NORD-SUD (Communauté de destin, développement)
  • LE MOTEUR DE LA VIE (Photosynthèse et chaînes alimentaires)
  • GRAND OCÉAN (Le voyage de l'iceberg)
  • PRINCESSE LIBELLULE (Il était une fois dans une mare)

Source : Heeza.

La prophétie des grenouilles - Jacques-Rémy Girerd

La prophétie des grenouilles

La prophétie des grenouilles est un film d'animation de Jacques-Rémy Girerd sorti le 3 décembre 2003.

Durée : 1 h 30 mn

Voix : Michel Piccoli, Anouk Grinberg, Annie Girardot, Michel Galabru, Laurentine Milébo.

La production du film

La prophétie des grenouilles aura demandé au total six ans de travail : deux années d'écriture, 36 mois de production et un an de finition. Malgré un budget relativement modeste, l'oeuvre est ambitieuse, elle a permis d'entraîner deux cents personnes dans un pari de grande envergure. C'est la première fois depuis plus de vingt ans qu'un studio réussit à fabriquer intégralement un long métrage en France, le premier depuis Le Roi et l'Oiseau en 1980.

L'histoire

Au bout du monde, dans une ferme coquette perchée en haut d'une colline, Tom vit heureux entouré de ses parents adoptifs, Ferdinand, ancien marin et Juliette, originaire d'Afrique. Leurs voisins, les Lamotte, propriétaires d'un zoo leur confient leur fille le temps d'une expédition. Mais au pied de cette colline, le monde des grenouilles est en émoi : il n'y a plus de doute, toutes les prévisions coïncident, il va pleuvoir pendant quarante jours et quarante nuits, un nouveau déluge va s'abattre sur la Terre. Face à l'événement, les grenouilles conviennent, à titre exceptionnel, de communiquer avec les humains. Commence alors une formidable aventure au cours de laquelle animaux et humains vont devoir apprendre à vivre ensemble. Ce qui n'est pas toujours facile...

Les thèmes

Un nouveau déluge

Une réécriture moderne du mythe

Le thème du déluge constitue le fil rouge de l’ensemble du film. Annoncé par la doyenne des grenouilles - c’est la fameuse “Prophétie” évoquée dans le titre - il introduit une tension dramatique qui atteint son apogée dans la scène du déluge lui-même : vont-ils tous mourir, comme l’a prédit la grenouille ? Le déluge sert d’événement perturbateur de la situation initiale qui crée une situation, au sens propre, extraordinaire : humains et animaux se retrouvent au milieu des eaux, dans une grange flottante qui prend des allures d’Arche de Noé ! Tous les personnages espèrent donc la “décrue” qui marquera le retour à la normale. Car au-delà des références au mythe biblique du déluge qui émaillent le discours des personnages, on a affaire à un traitement humoristique et laïcisé de ce thème universel : la “prophétie” relève de la prévision météorologique, l’Arche est une grange qui flotte sur la chambre à air d’un tracteur, les animaux, qui se sont échappés d’un petit zoo familial, comportent une bande de célibataires (Lion, Loup, Tigre, Ours, Zèbre...), et surtout, le déluge n’apparaît pas comme une punition divine mais comme une catastrophe naturelle dont les causes demeurent inconnues. On peut d’ailleurs noter que Ferdinand expose avec des images poétiques (“C’est comme si le Ciel avait fait l’amour avec la Terre”) une théorie de l’origine de la vie purement scientifique (“Nous sommes tous les arrière-arrière-petits-enfants de ces étoiles filantes”). En réalité, la référence au déluge vaut ici avant tout comme “image poétique de la légende universelle” (Girerd) et comme déclencheur d’une fable sur le vivre ensemble où hommes et bêtes sont...dans le même bateau !

Une réflexion sur l’humain et son environnement

Si le déluge apparaît comme un accident climatique et non comme un châtiment divin, la catastrophe est-elle pour autant “naturelle” ? Girerd n’énonce pas les causes du déluge ; on peut juste entrevoir que le climat est déréglé. La radio informe d’une canicule sans espoir d’amélioration immédiate. On suppose que les changements climatiques sont à l’oeuvre. Cette hypothèse est d’ailleurs confirmée à la fin lorsque les parents de Lili reviennent après avoir fait deux mille kilomètres dans la poussière. L’homme n’est pas clairement désigné comme responsable de ces dérèglements climatiques mais son action néfaste sur l’environnement est dénoncée. C’est Tortue qui va lui reprocher la surexploitation de son espèce, qui pourrait conduire à sa disparition. Et il s’agit bien de cela dans cette nouvelle Arche, du maintien de toutes les espèces, de la biodiversité. La disparition des poulets mangés par les carnivores est un drame.

Toutes les espèces sont utiles, herbivores et carnivores, et Ferdinand nous donne à comprendre la chaîne alimentaire. Le maintien des espèces, c’est aussi leur reproduction. Lili sait bien que les “vermines des patates” font l’amour et qu’il n’y a que les femelles qui pondent les oeufs. La naissance des chatons sur le bateau juste avant de retrouver la terre ferme est annonciatrice du renouveau. Depuis les origines cosmiques de la vie jusqu’à ce nouveau déluge, la Terre n’a cessé de s’adapter. Les périodes de sécheresse ont succédé aux périodes d’inondations et lorsque Juliette demande “Que reste-t-il de notre Terre... plus rien ?” Ferdinand lui répond que “La fin du monde n’existe pas”... On peut espérer qu’un jour l’eau finira par redescendre comme elle est montée. “Ce jour-là, la vie recommencera”. Il faut simplement souhaiter que l’accélération des changements opérés par l’homme sur son environnement lui laisse encore le temps de s’adapter.

Le vivre ensemble

Les liens familiaux

Dès le début du film, une famille nous est présentée. Elle se compose du père, Ferdinand, en apparence assez âgé (barbe blanche et cheveux blancs), d'une mère, Juliette, plus jeune, originaire d’Afrique, et d'un petit garçon, Tom, dont on apprend rapidement qu'il est leur fils adoptif. L'amour qui unit ces trois personnages est évident. Cette famille, peu conforme aux stéréotypes habituels, est pourtant organisée de manière traditionnelle et les rôles parentaux y sont classiquement répartis. La mère apporte des réponses aux besoins, elle est attentive, protège, nourrit, elle est gardienne des traditions (ici, entre autres, de sa culture africaine - langage, rituel magique, rapports avec les ancêtres). Le père fait grandir, il organise, rassure (il explique à Tom d'où il vient, lui raconte ses parents...), transmet le savoir-faire (répare le tracteur) qui permettra à l'enfant de reconnaître ses capacités. Il pose les interdits (les enfants ne doivent pas aller dans la soupente de la grange), et dit la loi (en tant que Capitaine du bateau). Privé de Ferdinand et Juliette, jetés à l'eau par les animaux carnivores en colère, Tom puisera dans l'amour et le savoir-faire transmis par ses parents adoptifs pour affirmer son autorité, reprendre la situation en mains et ramener l'ordre sur le bateau (en son absence, il assumera le rôle du chef en affrontant la révolte des carnivores, il réussira à démarrer le tracteur pour faire avancer le bateau et échapper aux Crocodiles). Alors seulement il pourra appeler Ferdinand “Papa”.

Les liens entre les êtres vivants

Ce film nous parle de solidarité entre les êtres vivants, de tolérance, de respect mutuel nécessaire, d'harmonie. Ce sont les grenouilles qui, en prévenant les hommes de la catastrophe imminente, leur permettent d'y échapper. D'emblée est donc posée comme une évidence l'importance, pour sa sauvegarde, du respect par l'homme des autres espèces. Parce que l'environnement leur est devenu hostile, les humains et les animaux de toutes espèces vont devoir vivre ensemble dans des conditions très précaires. Les différences vont donc devenir plus évidentes et la vie en société plus compliquée. La survie des espèces va nécessiter pour chacune d'elles d'être tolérante, c’est-à-dire d'accepter la différence chez l'autre, qu'elle soit d'ordre physique, culturelle ou sociale. Et d'être solidaire, c'est-à-dire de partager, de s'entraider. Les bonnes relations entre individus sont gage de l'alliance. S'ils se dissolvent, les groupes se haïssent et se battent.

Les sentiments

Toute la palette des sentiments est représentée.

  • L’amour, tout d’abord : amour conjugal ( Ferdinand et Juliette, le couple de chats, les éléphants qui se chamaillent sans cesse pour finalement se dire qu'ils s'aiment ), amour filial (Tom et ses parents, Lili et ses parents ), amour/amitié entre enfants (Tom et Lili ).
  • L’amitié : amitié entre les individus de même espèce (entre les deux familles d'humains - la famille du zoo confie sa fille à la famille de la ferme - et entre les animaux : jeux sur le bateau ), mais aussi entre espèces différentes (amitié entre les humains et les animaux : amitié de Lili pour Tortue et amitié des chats pour les humains).
  • La haine : entre des individus de la même espèce (carnivores/herbivores - Tortue/les crocodiles), entre espèces différentes (Tortue/les hommes qui exterminent ses congénères).
  • La vengeance (Renard veut se venger de Ferdinand qui l'a mis à l'écart - Tortue veut se venger des hommes).
  • Le désespoir (Lili qui pense avoir perdu ses parents - Juliette qui pense que ce cauchemar ne finira pas)...

Ces divers sentiments naissent et se modifient tout au long du film. La situation tragique va entraîner leur exacerbation (dans ce lieu exigu qu'est le bateau, les différences sont mises en évidence et les volontés de pouvoir affirmées) et leur évolution positive (tous les protagonistes se réconcilient dans une grande fête de fin).

L'organisation sociale

Loi et règles de vie

La grange de Ferdinand, transformée par la nécessité en bateau, recueille des individus différents : comment dès lors la vie en commun peut-elle s’organiser, comment peut-on vivre ensemble ? Qui est capable de préserver l’entente ? Par son autorité naturelle, Ferdinand est d’emblée reconnu comme “le Capitaine”, c’est-à-dire comme le chef. De fait, c’est lui qui propose une solution pour la survie du groupe : les vingt-huit tonnes de patates ! Surtout, c’est lui qui fixe les nouvelles règles de vie. La situation exceptionnelle crée à son tour une loi d’exception : la “loi du Capitaine” vient se substituer, le temps du déluge, à la loi de la nature. Herbivores et carnivores vont devoir coexister de manière pacifique pour la survie de tous : “Sur ce bateau, on ne survivra que si les crocs ne servent pas” chante Ferdinand. La vie en société impose à chacun des concessions, des sacrifices. Mais cette loi, énoncée et imposée par le Capitaine, est bientôt contestée puis transgressée par une minorité qui s’accommode mal du régime forcé des “patates” : les carnivores. L’agression de la Chèvre constitue une première transgression, sanctionnée par la punition du Capitaine : la mise à l’écart des carnivores dans la baignoire. Sous l’influence de Tortue, les carnivores vont finalement abolir cette loi en organisant une mutinerie contre le Capitaine. Proclamée “nouveau Capitaine”, Tortue fait régner la loi du plus fort qui se traduit par la violence et la vengeance (extermination des poulets, vengeance contre les humains). La loi du Capitaine et la loi de Tortue s’opposent clairement terme à terme : Ferdinand refuse la violence, instaure le même régime pour tous, tient un discours constructif, se met au service de la collectivité ; Tortue impose la loi de la vengeance, encourage les privilèges, tient un discours destructeur, fait preuve d’individualisme. Avec Ferdinand, la vie en commun est possible, il existe une entente et même une harmonie entre les espèces ; avec Tortue, il est impossible de vivre en paix, ce sont la haine, le meurtre et la folie qui l’emportent. Le retour de Ferdinand marque le retour à une conception non-violente de la vie sociale, comme l’illustre, en particulier, la scène où Tortue est démasquée : contrairement à la “vox populi” qui crie “A mort !”, Ferdinand veut mettre un terme au cycle infernal de la violence : “La brutalité, la violence, vous n’avez que ça pour résoudre vos problèmes !”. La loi de Ferdinand finit ainsi par être réellement acceptée par tous, comme l’atteste le repentir des carnivores : “On ne sait pas ce qui nous a pris ! On vous demande pardon !”. Le bon fonctionnement de la société dépend de l’adhésion de chacun au contrat social et se traduit par le respect de la loi.

Source : Livret pédagogique