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jeudi 22 décembre 2005

Oligarchie

L'oligarchie - du grec oligos, peu et arkhê, commandement - est une forme de gouvernement dans laquelle la plupart des pouvoirs sont détenus par une petite partie de la société (typiquement la plus puissante, que ce soit par richesse, force militaire, cruauté ou influence politique).

Les analystes politiques disent que toute société est inévitablement une oligarchie quel que soit le système politique revendiqué. Le nombre de membres de l'oligarchie (nombre absolu ou relatif) n'apparaît pas non plus un critère très sûr. Il est donc nécessaire d'analyser plus finement les critères d'appartenance à l'oligarchie : comment on y rentre, y reste, et en sort. Toutes sortes de critères, plus ou moins officiels et plus ou moins stables dans le temps, peuvent entrer en jeu.

Les oligarchies sont des systèmes politiques complexes, avec souvent plusieurs cercles (plus ou moins formels) de pouvoirs de plus en plus concentrés, des spécialisations selon le domaine de pouvoir (commercial, juridique, religieux, militaire, technologique, etc.), et un exercice du pouvoir souvent discret et collégial. On y retrouve généralement des familles dominantes, pour qui la position politique est un élément de patrimoine transmis aux enfants, dont l'éducation est organisée dans cette perspective. On peut y trouver, ou non, des systèmes de caste.

Une société oligarchique est instable, le pouvoir se diffuse ou se concentre au cours du temps, le phénomène étant compliqué par les influences étrangères :

  • les situations de guerre permettent à un individu de concentrer de grands pouvoirs, de sorte que l'oligarchie est soumise au risque de disparaître aussi bien par la défaite (cas de carthage, qui disparaît faute d'avoir assez soutenu la famille des Barca (Hamilcar puis Hannibal) que par la victoire (cas de Rome, qui se dissout dans l'Empire des Julio-Claudien). Beaucoup des monarchies européennes furent établies de cette manière au Moyen Âge.
  • le commerce international et l'enrichissement très concentré qu'il permet conduit aussi à une concentration (dont profitèrent par exemple les Médicis à Florence)
  • Inversement, les oligarchies peuvent imposer au monarque ou au dictateur le partage de ses pouvoirs avec d'autres couches de la société. Un exemple de ce processus est l'union des nobles d'Angleterre, forçant, en 1215, le roi Jean d'Angleterre à signer la Magna Carta, reconnaissance tacite de l'existence d'un contre-pouvoir et de l'affaiblissement du pouvoir royal. La Magna Carta fut ensuite révisée, garantissant plus de droits à plus de monde posant les bases de la future monarchie constitutionnelle.

La République romaine était une oligarchie, elle ressemble par là aux démocraties au sens moderne.

Source : Wikipedia

mercredi 21 décembre 2005

Affaire Dreyfus

La dégradation d'Alfred Dreyfus
La dégradation d'Alfred Dreyfus

L'affaire Dreyfus ou l'Affaire est une affaire d'espionnage devenue politique qui a provoqué l'une des crises majeures de la Troisième République française sous laquelle elle se déroule. Elle porte le nom de son principal protagoniste, le capitaine Alfred Dreyfus, injustement accusé.

L'histoire

En septembre 1894, un agent français, Marie Bastian, servant sous la couverture de femme de ménage, à l'ambassade d'Allemagne, récupère un bordereau contenant des secrets militaires français, notamment en matière d'artillerie.

Rapidement les soupçons se portent sur le capitaine-stagiaire Alfred Dreyfus, artilleur de l'armée française, travaillant à l'État-Major et d'origine juive alsacienne. On sait aujourd'hui qu'Alfred Dreyfus était innocent, l'accusation étant basée sur de faux documents. Quand les officiers généraux se rendirent compte de leurs erreurs, ils tentèrent de les maquiller.

Après une très sommaire analyse graphologique, du fait de similitudes d'écriture, il est arrêté le 15 octobre et incarcéré à la prison du Cherche-Midi. Le 31 octobre son arrestation est rapportée dans la presse.

Le 2 novembre, le général Auguste Mercier, ministre de la Guerre, décide d'entamer des poursuites à son encontre. Il est traduit devant un premier Conseil de Guerre à Paris, à huis clos. Pour forcer le jugement, un dossier secret est communiqué aux juges sans que la défense assurée par Maître Domange, avocat, en ait connaissance. Le 22 décembre il est condamné à la dégradation militaire - qui aura lieu le 5 janvier 1895 dans la cour de l'École militaire - et à la déportation au bagne de l'Ile du Diable.

Mathieu Dreyfus, frère de l'accusé, est convaicu de l'innocence de son frère et réussit à convaincre le journaliste Bernard Lazare de se pencher sur les zones d'ombre de la procédure. Le 14 septembre pour, au contraire, renforcer les convictions de l'opinion sur la responsabilité du condamné, L'Éclair révèle l'existence du « dossier secret », montrant l'illégalité de la procédure ; en particulier, on commence à parler du faux Henry. Puis le 10 novembre 1896, Le Matin produit un fac-similé du bordereau.

Enfin en 1897 le lieutenant-colonel Georges Picquart, ancien chef de la Section de Statistique - nom des services de renseignement de l'armée - fait connaître ses doutes sur la culpabilité de Dreyfus, du fait notamment d'une pièce également découverte à l'ambassade d'Allemagne, dite le petit bleu incriminant un autre officier français, le commandant Esterhazy. Fort de cette information Bernard Lazare parvient à convaincre Auguste Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat et alsacien. Et en novembre, les défenseurs des Dreyfus sont informés des similitudes d'écriture du bordereau avec celle d'un officier français nommé Esterhazy.

Le 15 novembre, Mathieu Dreyfus porte plainte auprès du ministère de la Guerre contre Esterhazy. Mais celui-ci est protégé par l'État-major, pour le disculper il est présenté le 10 janvier 1898 devant le Conseil de guerre qui l'acquitte le lendemain et Picquart est arrêté sous accusation de faux - le petit bleu.

L'article d'Émile Zola

Le 25 novembre, Émile Zola, entre-temps convaincu de l'innocence de Dreyfus, publie un premier article dans Le Figaro, qui ne tardera pas à se désengager de ce qui est désormais "L'Affaire", puis le 13 janvier 1898, il publie en première page de L'Aurore, un article intitulé : J'accuse, adressé au président de la République Félix Faure, article qui fait l'effet d'une bombe (voir aussi Les Preuves, de Jean Jaurès).

Le général Billot porte plainte contre Zola qui passe devant les Assises de la Seine du 7 au 23 février. Il est condamné à 3 000 francs d'amende et un an de prison mais son procès a permis la publicité des pièces.

Le mouvement dreyfusard

Dessin de Caran d'Ache dans le Figaro du 14 février 1898.
Dessin de Caran d'Ache dans le Figaro du 14 février 1898.

Un mouvement dit dreyfusard se forme pour défendre Alfred Dreyfus. Parmi ces derniers, des hommes de lettres et de sciences, des universitaires, qualifiés pour la première fois d'intellectuels. Certains formeront la Ligue française pour la défense des droits de l'Homme et du citoyen.

À l'opposé, on trouve les antidreyfusards, des défenseurs de « la chose jugée », des antisémites, des républicains défenseurs de l'armée - qui dans l'esprit revanchard est seule capable de restaurer l'honneur de la France -, etc. Jean Jaurès défendra aussi Dreyfus, publiant le 11 octobre, dans La Petite République, un article intitulé « Les Preuves ».

Le 7 juillet, Godefroy Cavaignac, nouveau ministre de la Guerre, dans un discours devant la Chambre mentionne un document accablant pour Dreyfus. Mais on ne tarde pas à découvrir qu'il s'agit d'un faux réalisé par le lieutenant-colonel Henry qui est arrêté le 30 août. Il se suicide le lendemain. Apparaît alors la notion de « faux patriotique » et La Libre Parole, journal antisémite, lance une souscription au profit de sa veuve, le monument Henry. Chaque donation est accompagnée de remarque lapidaire sur Dreyfus et les Dreyfusards.

Les débuts de la réhabilitation

Le 16 février 1899, le président de la République Félix Faure (hostile à la révision du procès) meurt, il est remplacé par Émile Loubet. Le 3 juin est signé l'arrêt de révision renvoyant Alfred Dreyfus devant un second Conseil de guerre à Rennes.

À cette date la République est menacée, Paul Déroulède a tenté le 23 février un coup de force sur l'Élysée. Le 1er juin, le capitaine Marchand, héros de Fachoda, critique le gouvernement. Le 4 juin, le président Loubet est agressé aux courses d'Auteuil. Le 11 juin, le gouvernement Dupuy est renversé.

Alfred Dreyfus débarque le 1er juillet en France et se présente le 8 août devant le Conseil de guerre à Rennes. L'un de ses avocats, Maître Labori est blessé par coup de feu. Le 8 septembre, la cour rend son jugement : il est reconnu coupable de trahison mais « avec des circonstances atténuantes » (par 5 voix sur 7).

Préférant éviter un troisième procès, le président Loubet, accorde sa grâce présidentielle à Dreyfus, le 19 septembre. Dreyfus n'est pas pour autant innocenté. Entre temps eut lieu l'affaire du « Fort Chabrol », dernier coup d'éclat des antidreyfusards. Il faut attendre le 12 juillet 1906 pour que la Cour de cassation annule, « sans renvoi » le jugement de Dreyfus.

Dreyfus est réhabilité en 1906.

Articles connexes

Bibliographie

  • L'Affaire J-D. Bredin ISBN 2-260-00346-X

Liens externes

vendredi 9 décembre 2005

Lecture poétique de la déclaration universelle des droits de l'homme

Je vous recommande ce très beau texte paru dans Confluences, le courrier de la FMACU (Fédération Mondiale des Associations, Centres et clubs UNESCO), en particulier l'encadré.

Il s'agit d'une lecture poétique de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, élaborée par Roberto Gagliardi, oeuvre réalisée avec intention didactique à l'initiative du club UNESCO de Sienne, Italie

mercredi 23 novembre 2005

Le familistère de Guise

Intérieur du familistère en 2005
Intérieur du familistère en 2005
Familistère - Aile gauche
Familistère aile gauche

Le plus célèbre des Familistères est celui de Guise, créé en 1860 par Jean-Baptiste André Godin, sur des plans qu'il avait établis lui-même, et qui conserva sa fonction à l'identique jusque 1968. Disciple de Charles Fourier, Jean-Baptiste Godin avait financé ces constructions pour y loger les familles d'ouvriers de son usine, dans des conditions d'hygiène et de confort inégalables pour l'époque (eau courante, toilettes, bibliothèque, prise en charge de la scolarité des enfants, etc.) Cette réalisation se concevait comme une application concrète des idées du socialisme utopique de Charles Fourier esquissée dans sa théorie du phalanstère.

Le Familistère de Guise est aujourd'hui classé au titre des Monuments historiques, et il est toujours habité. La société Godin, pour sa part, existe toujours également (2005).

Jean-Baptiste André Godin

Jean-Baptiste André Godin, (Esquéhéries 1817 - Guise 1888) était un industriel social français, créateur de la société des poëles en fonte Godin (Les cheminées Godin) et du familistère de Guise. Il installe en 1846 une industrie qui emploie en une vingtaine d'années jusqu'à 1500 personnes. Partisan de fourier et d'une redistribution des richesses industrielles aux ouvriers, il crée un univers autour de son usine (le phalanstère). Il favorise le logement en construisant les Familistères (logements modernes pour l'époque), des lavoirs et des magasins d'approvisionements, l'éducation en construisant une école obligatoire et gratuite, les loisirs et l'instruction avec la construction d'un théâtre, d'une piscine et d'une bibliothèque. Tous les acteurs de l'entreprise avaient accès aux mêmes avantages quelque soit la situation dans l'entreprise.

Jean-Baptiste André Godin fut député de l'Aisne de 1871 à 1876.

La société qu'il a fondée continue à exister aujourd'hui (2004). Le Familistère a en revanche cessé de fonctionner en tant que tel vers 1965, bien que ses bâtiments soient toujours utilisés à des fins d'habitation, et classés au patrimoine.

Bibliographie

  • Solution sociale (1871)
  • les Socialistes et les Droits du travail (1874)
  • Mutualité sociale et association du capital et du travail (1880)

Source Wikipedia : Familistère, Jean-Baptiste André Godin.

Vous pouvez voir aussi le site Le familistère Godin à Guise.

samedi 29 octobre 2005

Les droits de l’homme incarnent les valeurs fondamentales des civilisations humaines

Les individus sont différents, tout comme leurs cultures.
Les individus vivent de manières différentes, et leurs civilisations diffèrent également.
Les individus parlent une grande variété de langues.
Les individus sont guidés par différentes religions.
Les individus naissent avec une couleur de peau différente, et de nombreuses traditions influencent leur vie en différentes teintes et ombres.
Les individus s’habillent différemment et s’adaptent à leur environnement de manière différente.
Les individus s’expriment différemment. La musique, la littérature et l’art reflètent également différents styles.
Et, malgré ces différences, tous les individus ont un attribut commun unique: ce sont tous des êtres humains - ni plus, ni moins.

Et aussi différentes qu’elles soient, toutes les cultures adhèrent à certains principes communs :

  • Aucune culture ne tolère l’exploitation des êtres humains.
  • Aucune religion ne permet le massacre des innocents.
  • Aucune civilisation n’accepte la violence ou la terreur.
  • La torture est odieuse pour la conscience humaine.
  • La brutalité et la cruauté sont révoltantes dans toutes les traditions.

En somme, ces principes communs, qui sont partagés par toutes les civilisations, reflètent nos droits de la personne humaine.
Ces droits sont estimés et chéris par tous, partout.
Ainsi, la relativité culturelle ne doit jamais être utilisée comme un prétexte à la violation des droits de l’homme, puisque ces droits incarnent les valeurs les plus fondamentales des civilisations humaines. La Déclaration universelle des droits de l’homme doit être universelle, applicable à l’Orient et à l’Occident. Elle est compatible avec chaque confession et chaque religion. Manquer au respect de nos droits de l’homme ne fait qu’affaiblir notre humanité.
Ne détruisons pas cette vérité fondamentale, sinon, les faibles ne sauront vers quoi se tourner.

Shirin Ebadi
Prix Nobel de la Paix 2003

Source : Rapport Mondial sur le Développement Humain 2004 - La liberté culturelle dans un monde diversifié (Fin du chapitre 1)